mercredi 26 juin 2019

Khra Wat, ou petite chose exotique no 1

Je vous apprends sans doute vraiment rien si j’écris que je porte pas de cravate.

Certains savent que j'en possède une, achetée et portée une seule fois (ce serait idiot de l’avoir achetée 2 fois) pour une réunion d'une heure ou deux.
À Paris.
Où tous les Français présents étaient en col roulé.
Quand on travaillait en environnement et qu’on envoyait sept personnes en jumbojet à Paris trois jours pour une réunion d’une heure ou deux. Jet 7 ça s'appelait. La Belle Époque. Hélas ça nous mène où on est rendus, ça fait des plis poches et une cravate dans le placard.

Un ex-coloc et une quasi-quinqua, l’un n’empêchant presque pas l’autre, sauf le genre, quoique, se rappellent peut-être vaguement m'avoir vu avec une cravate pendant trois jours à une conférence alors que j'étais jeune, docile et bénévole.

Un autre, celui-là à la fois ex-coloc et vraiment pas moins quasi dans le quinqua, m’a aussi vu en porter une fièrement aussi resplendissante que minuscule au primaire en rang, parmi d’autres, autant d’éclairs rouges au milieu des sœurs grises.

Voilà pour la confidence du jour, en désordre chronologique.

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Pour (ou À) la Saint-Jean, je suis allé en Thaïlande.
Ça fait chic à dire comme ça dans un salon, un party de cuisine ou un blog de voyage, mais je suis resté en Thaïlande environ 12 minutes en marchant lentement.
C'est peut-être ça qui est le plus chic en fait.
Mais rien pour s'épivarder, encore moins sur une plage de Koh Phi Phi.

Ça s'appelle "faire le tour du poteau", en quelques étapes relativement simples:
1- sortir du Laos à pied, tamponné par un doué douanier;
2- monter dans un bus à 4000 kips pour traverser le Mékong par le pont de l'Amitié, sans se rendre compte que le sens de circulation change en traversant, comme passer de la France à l'Angleterre mettons, ou l'inverse, du Japon à la Corée, celle que vous voulez;
3- descendre du bus et immigrer en Thaïlande (avec pas de visa pour les Canadiens);
4- marcher 200 m vers Koh Phi Phi, traverser la rue, marcher 200 m vers le Mékong;
5- émigrer de la Thaïlande;
6- monter dans un bus à 15 bahts pour retraverser le pont en s'assurant d'être tout estampilloponner à la bonne place;
7- aller au guichet "Visa on Arrival" où deux douaniers laotiens regardent un film d'action thaï sur une grosse tivi coréenne et concomitamment sur leur téléphone chinois pour ne rien manquer de la trame narrative fort élaborée, tout en émettant joyeusement du visa;
8- présenter: 2 formulaires pré-dûment remplis, 1 passeport, 42US$ comptant, une photo-passeport, et, dans mon cas, une lettre écrite en laotien par le ministère des Affaires Étrangères qui me permet d'avoir le fameux visa d'expert E-B2 en principe bon pour 6 mois, de multiples entrées/sorties dans le pays et sans doute un coupon-rabais pour un pot de vitamines.

Ceci fait, un des douaniers, soit le plus anglocapable, soit celui ayant vu le film le plus souvent, me signifie que tout est ben beau et que c'est valide pour un mois pendant lequel je ne peux pas sortir du Laos mais que je peux occuper à faire les démarches pour la prochaine étape qui va vraiment me permettre de rester 6 mois et de faire de multiples entrées/sorties sans faire le tour du poteau à chaque mois. Rien sur le pot de vitamines.

En tout et partout, bureau-poteau-bureau, chauffeur-bus-marche-bus-chauffeur: 2h30 peut-être, tout au plus.

Voilà pour le voyage du jour, en Thaïlande et en ordre chronologique.

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Y a des p'tites choses comme ça dans les pays étrangers qui en ont pas l'air mais qui font que vous savez vraiment que vous êtes moins chez vous.
Avec le chauffeur, appelons-le M. Keo, d'abord parce que c'est son p'tit nom, ensuite parce qu'il y a déjà une Keo au bureau, je me suis rendu à la shop de photos de passeport par un chaud matin de Saint-Jean. Il y en a plusieurs juste en face du ministère des Affaires Étrangères, c'est pratique pour tout le monde et payant pour certains. Dans la shop la plus invitante, celle où il y a une madame sur le trottoir qui t'invite de cent mercis le client vers l'intérieur, il y a un monsieur assis à un ordinateur et un jeune avec un gros appareil-photo du genre nikon D950 double full frame turbo. Devant le miroir, on se place le toupet ou on se rajuste la permanente, on s'assoie sur un petit banc qui tourne, dos au mur jaune-gris et on essaie de ne pas sourire.
Jusqu'ici, rien d'exotique, presque comme chez les gens coûteux.
Le jeune prend la photo, puis au lieu de l'imprimer et de vous remettre le tout, la transfère sur son grand écran puis se met à sérieusement vous arranger le portrait devant tout le monde et à vous mettre sur votre 36. Ça dure un gros 15 minutes., un pro. À 25000 kips pour 6 photos sur le 36, c'est un très bon deal, vous ferez les maths.
C'est pas tant le mur qu'il a blanchi, ni les rides qu'il a enlevées.
C'est plutôt ce qu'il a superposé, et la touche finale en couleur.

La rouge faisait un peu primaire.
La jaune, beaucoup trop France.
La verte, un peu trop conférence.
M. Keo trouvait qu'avec la bleue, c'était mieux.
Les douaniers ont pas passé de commentaires.

Je vous montre pas les cinq photos qui restent, mais j'ai beaucoup ri.

Voilà pour la petite chose exotique du jour, en ordre chromatique.






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