vendredi 25 avril 2014

Hostile la jungle - Flashback post-traumatique des zazies du sud-est

On l'a senti au Cambodge, avec le bonhomme pendu. 

On l'a vu aux vues. 
Les classiques.
Les Killing Fields, tourné en Thaïlande,
Deer Hunter,  Katchanburi près de la Birmanie et sur la rivière Kwai (comme le pont), pour la jungle et la roulette russe.
Platoon, Philippines
Apocalypse Now, Philippines aussi
Full Metal Jacket, Angleterre (!)
Good Morning Vietnam, Bangkok

On l'a lu. Avec Horn, Bétancourt, et plein d'autres. Autres jungles, autres combats. Mêmes hostilités. 

On l'a revu. À la visite des tunnels de Cu Chin. Le seul tour organisé que je n'ai pas pu éviter. Et pour 4$ j'en ai eu pour $40. Chanceux. Très.
Guide intense comme un Beatcello. Hyper intéressant. Jacky. Seul guide qui a "fait le Vietnam" parmi 35000 guides vietnamiens. Comme interprète pour les américains. Il s'en souvient et il en parle abondamment. Avec humour noir et caustique comme une gorgée de tang à l'agent orange. De Charlie, des NVA, des VC, des POW, des MIA et des KIA. Et qu'il conduira jamais une kia. Des bombes et des trous de bombes. Plus de bombes larguées que pendant la 2e guerre mondiale. Du moine qui s'est auto-combustionné, aidé par son chum par un beau matin, coin St-Denis et Crémazie, genre. De la petite fille brûlée au napalm dont la photo a contribué à mettre fin à la guerre après avoir fait le tour du monde (http://en.m.wikipedia.org/wiki/Phan_Thi_Kim_Phuc).  Des tunnels, surtout qu'il serait le seul guide qui peut faire entrer son groupe dans une courte section plus "authentique" des tunnels, section non éclairée et non élargie de 15% pour accommoder le rond touriste. Des différentes versions de booby traps (littéralement "pièges à cons"), avec démonstrateurs à l'appui, pointes en bambou au fond, noircies parce qu'injectées d'huile à moteur et de goudron contre les termites, pièges à cons doubles, le 1er trou blessant seulement la victime trappée pour qu'elle puisse appeler à l'aide et que le secouriste tombe dans l'autre piège à côté, pièges en tout genre et explications longues et détaillées à donner la nausée. 

Vu aussi au musée de la guerre à Saigon, juste après le tour de tunnels. Guerre d'Indochine, guerre du Viêt Nam. La section photos sur les reporters-photographes est fascinante. Les Capa, Burrows, Harpin-Pont, Bailly, Caron, Shimamoto, Sawada, Ballendorf, Mettler.

Hosti(l)e la jungle.
Survécu. Rando légère de trois heures dans la région aux grosses caves, les plus grosses de l'univers. Phong-Nha-Ke-Bang Bing Bedang (j'avais bien dit que j'en reparlerais.) http://phongnhakebang.vn/en La plus grosse, découverte récemment en plus(?!), pourrait contenir Manhattan, les gratte-ciels pis tout', c'est pas rien ça. 
Shorts et t-shirt, en vrai tourissss. On sort à peine de la cave du Paradis, on décide de longer une rivière sur de la belle roche pour s'extirper enfin de la masse, puis on s'incursionne un peu dans le bois. Ça se voulait une formalité, une expédition du dimanche. À peu près comme les Américains qui débarquent au Viêt Nam, en Afghanistan ou en Iraq. Il y avait pourtant un sentier... au début. Ça s'est gâté en perdition dans la junglerie par l'embuscade d'une horde de plantes carnivores sauvages, enragées et déracinées mordant la chair, lacérant la peau. Ç'a fini quand le touriste, beau ton, savamment dépecé, jambes rasées, avant-bras bien écorchés, brûlant d'un intense désir de soulagement, et qui n'a pas l'moyen de faire autrement, se décide à se g(ca)lisser à l'eau pour un 400m style-libre en rivière avec un aller-retour en kayak pour retourner chercher son sac laissé sur l'autre rive. Il s'en est tiré avec un gros lot d'égratignures, une nuit blanche à psalmaudire en mordant dans un 2 par 4, souhaitant un miracle et l'épidurale dans chaque jambe, l'impression d'avoir "fait le Vietnam", et finalement, une visite à l'hôpital pour tester le système de santé local dès l'aube. Consultation à 7$, incluant les pilules. Deux sortes d'antibiotiques et de l'assiette à minou faible pour assommer un gnou. Six pilules le matin six le soir. Et une tite-crème à la pharmacie de Dông Hoi plus tard. Une semaine après, fini les pilules et tout était bon, même la bière asiatique. 
Moins la jungle. 
Leçon apprise.
Trois heures... imaginez dix-huit ans.

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