mardi 18 mars 2014

Gros programme: Angkor Wat, les rénos, Bouddha, les mines et les TCHiPs, le mardi 25.

(Étrange, j'ai cru apercevoir les côtes de la Floride et Daytona Beach entre deux nuages...)

Angkor Wat
Ah la belle intention d'observer la lueur d'un jour flambant neuf surligner à gros traits de crayon jaune-orange la page d'un Ankgor Wat en plein éveil... 
Bien beau, mais de par l'incapacité récurrente de me lever avant le son des matines, ce qui aurait permis, après quelques coudées pas très franches dans l'opacité dense d'une foule de bridés, de concrétiser dans le béton la dite intention, l'arrivée au temple n'eut lieu qu'une fois le soleil déjà un peu bien élevé... 7h.

Heureuse affaire. I-dé-ale même. La première bordée de voyeurs intemplestifs tombant vers les 4h30, pour fondre subrepticement à 7h. De 8h30-midi, 2e bordée. Puis le touriste se fait épars pour l'heure du repas.
Zen errance dans l'Angkor Wat partiellement laissé tranquille donc, seulement déconcentré par les m'as-tu-vu exhibitionnistes de l'auto-selfish-portrait en tout genre, du pose-moi-ici-pose-moi-là, pose-moi l'moine et la luette, devant gardes, guides et garudas, plantureuses devatas agaces et apsaras d'apparat, devas et devis, portes et fenêtres, tours et détours, devant lac, ciel, expos et alouettes, youppi, mais pose toujours... et je me te le twit-te-rai.

Les rénos
Passé l'Angkor Wat, avant l'Angkor Thom, il y a un buton qui, comme la plupart, a un temple qui pèse dessus. Ici Phnom Bakheng. C'est l'endroit où ils ont mis des cota parce que ça se bousculait trop au portique pour y voir le soleil se coucher sur le Wat à Angkor. Du vrai cirque chinois apparemment, acrobatique et périlleux, 6-7 étages de tourissàkodaks grimpés fesses sur épaules. Magnifiquement pyramidale. Pire qu'au lever puisque la grandiose entrée principale de l'Angkor Wat est orientée à l'ouest, alors forcément, avec le soleil d'en 'face de l'entrée, ça doit faire un joli show son de lumières.
J'y suis monté en marchant par le "sentier des éléphants", puisqu'on n'a pas voulu m'y faire monter autrement. À 10h, pas un chat, pas un éléphant. Bonne heure, le sourire dense. Et les rénovateurs rénovent. Avec casques et pas sans bottes en plus. Ça travaille fort là-haut. Et où il y a des rénos, il y a toujours une pancarte qui nous donne le pays qui s'intéresse assez à la patente pour se les sponsoriser. Japon, Allemagne, USA, France, Suisse. Ça lui permet, au sponsorisateur, de se péter un peu les bretelles en disant: "j'ai refait mon Bakheng". Un peu comme on dit: "j'ai refait mon balcon. Ou ma cuisine". Bien que tout le monde sait que c'est pas nous qui avions les pieds dans des bottes trop grandes à se resculpter des pierres de mille ans par 40°C su' zéro. Mais après les rénos, c'est beau. Et tout le monde il est content.

On a seulement accès à la portion du temple en-dehors de la zone des travaux, bien délimitée avec une clôture et des échafauds, et une bien jolie petite grue dedans.

À grands pas de Bouddha
À l'est du temple, il y a l'empreinte d'un pied de Bouddha. Pas évident si c'est le droit, le gauche ou le trans, genre. Il y a 5 orteils assez moyens. Ni gros ni petit. Il se promenait pas en souliers, encore moins en gougounes de construction comme toute l'Asie non-sponsorisée, ou en bottes de sept lieues(x) comme on sait qui (1). N'empêche qu'il faisait des sacrées enjambées, comme tout ce qu'il faisait en fait (2). C'est pour ça qu'on voit jamais deux empreintes. Un grand pas à la fois, pour pas perdre les deux jambes en même temps, en pesant sur le mauvais buton. "Safety first", quand on se promène en terre minée. 
(On pourrait ici se la digresser assez longuement sur les empreintes de Bouddha, mais juste pour vous, j'ai trouvé quelqu'un qui l'a déjà fait et plutôt bien. Le bout sur le "pic d'Adam est assez comique d'ailleurs: http://www.magiedubouddha.com/p_thai-puta1.php).

Les mines
Il y en a quelques unes dans le pays paraît-il. En tout cas assez pour se faire un musée. Selon le Cambodia Mine Action Center (CMAC), quatre à six millions, en comptant les UXO, "Unexploded Ordnances", même genre de belle affaire qui vous coûte un bras pis une jambe. Ça été la grosse mode pendant 30 ans. Tout le monde voulait poser sa mine. Même que ça se battait pour savoir qui allait en poser le plus. Les Cambodgiens, les Thaïlandais, les Américains, les Vietnamiens. Et beaucoup de monde sautait dessus. À cloche-pied, à haut-le-pied, à pieds joints et de plain-pied, à pied d'œuvre et d'arrache-pied. 40 000 amputés. Excellente raison pour pas pisser trop à côté de la trail.

La bonne nouvelle, c'est le travail du CMAC (3). Entre 1992 et 2011, 466 274 mines et 1 727 649 UXO trouvées et détruites, et de moins en moins de monde qui s'explose une jambe ou la rate: de 850/année au début des années 2000 à 270/année en 2008.

Juste par curiosité, par temps partiel et parce qu'on connait quelques lecteurs et lectrices à temps plein dans le milieu, et surtout dans le fond, qui auraient de quoi à raconter là-dessus pour notre Défense, j'ai cherché rapidement chez nous... pour trouver qu'il y aurait plus de 800 sites d'UXO confirmés au Canada, qu'il y a une liste sur le site des Forces et qu'il y aurait eu 15 décès et 20 blessés depuis 1927. Quand on se compare... des fois on perd son temps et vaut mieux se contenter des pommes et des oranges. 

TCHiPs
Je l'ai manqué, le musée de la bonne mine. Il m'est passé sous le nez, à vive allure, alors que je me concentrais à faire le Poncherello sur une moto de la Tourist Cambodian Highway Police sans me tenir après la bedaine de la dite police. Et comme, par définition, on n'arrête pas une police, surtout celle qui chauffe la moto, j'ai laissé tomber les mines. Je me sentais déjà assez débiné d'avoir accepté la proposition de me faire rouler en échange de quelques dollars pour aller voir le fameux temple pillé par Malraux en mil neuf cent vingt-trois et trois-quarts. J'aurais pas voulu pousser dans l'exagération et détourner le TCHiPs plus longtemps de ses touristiques fonctions.

Notes:
(1) voir "Sur le pouce..." - 5 août 2011... ici très bas sur ce blog.
(2) Ça me rappelle, et c'est pas pour me vanter que je m'en rappelle, mais j'ai déjà vu le Sacré Cheveux de Bouddha. Dans les années 2000. Au musée du Cheveux Sacré à Rangoon. Avec plein de moines chauves.
(3) http://www.cmac.gov.kh

En bonus:
Qui dit mine, dort.
Comme le bovin.
Le bovin m'en dort.

"All right, good night." O&O

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